Un document sonore historique :
Concerto pour Guitare et Orchestre Symphonique de Jacques Castérède
Nous sommes en 1978. Jacques Castérède, alors professeur d’analyse musicale au CNSP, a entendu mon enregistrement de son » Hommage aux Pink Floyd » (Disque Festival Musidisc FLD 700).
Un jour, il me soumet le manuscrit de son » Concerto pour Guitare et Orchestre symphonique « . Je dévore évidemment la partie guitare, repérant immédiatement une alternance de passages lyriques, d’inventions fougueuses ou de phrases intrigantes, le tout saupoudré de défis techniques qui, à l’époque, ne peuvent que me séduire.
Pourtant, la partition complète n’est pas encore éditée, et il m’est impossible de comprendre la dimension réelle de l’œuvre.
Lorsque l’Orchestre Philharmonique des Pays de Loire (OPPL) me demande de présenter le Concerto d’Aranjuez, je ne résiste pas à la tentation de suggérer une création plutôt que la Nième exécution d’une œuvre certes magistrale, mais devenue pour moi répétitive et dont l’équilibre acoustique reste de toutes manières périlleux.
Marc Soustrot, alors à la tête de la formation, accepte le challenge. Mais ni lui ni moi ne savons où nous nous engageons…
Bientôt pourtant, nous comprenons que nous en sommes pas au bout de l’aventure.
Pour lui, il faut renforcer sa section de percussions, faire venir un célestat, trouver des joueurs de flûte à bec et se plonger dans une partition aux rythmes complexes et asymétriques, associant un instrument soliste réputé difficile à intégrer…
Je dois pour ma part m’imprégner d’une œuvre dont j’ignore la portée et je dois faire face à quelques défis techniques originaux. Le premier est que le compositeur – quoique pianiste -, est dépassé par la réduction pour piano qu’il a pourtant rédigée lui-même ! J’appelle donc à la rescousse Bernard Ringeissen (l’unique disciple de Jacques Février) qui au simple déchiffrage, non seulement m’apporte une répartie parfaite, mais de plus me donne d’emblée de précieux conseils d’interprétation. Je suis vraiment bluffé !
Puis tout va très vite. Une répétition, un filage et hop !, voilà le concert
Le compositeur est dans la salle, tenant sur ses genoux un petit magnétophone dont il ignore le maniement (d’où la qualité peu enviable de ce document sonore). Le théâtre d’Angers est archi plein en ce dimanche de 1978. Nous sommes en acoustique totalement naturelle car la répétition a montré l’équilibre parfait de la composition, la guitare n’étant à aucun moment submergée par la masse de l’orchestre.
L’atmosphère, malgré le défi que représente cette création, est assez sereine. Marc Soustrot m’a parfaitement mis en confiance. Il est précis, sobre, ouvert et domine parfaitement sa formation. Pour ma part, je me sens fébrile mais pas du tout nerveux, car la répétition m’a fait découvrir la portée de cette œuvre immense dont j’ai enfin assimilé le lyrisme, la puissance et l’humour (ah, quelle surprise quand les 90 musiciens se mettent à frapper dans leurs mains, en syncope avec la guitare !).
Maitenant, place à la musique. Le début est mystérieux, lent ; il s’agit en réalité d’une mise en condition, à la manière d’un raga. Mais ensuite… cliquez ici et choisissez votre format (RealPlayer ou MediaPlayer, ce dernier étant plus courant si vous utilisez un PC).
L’œuvre dure environ 29 minutes en un seul mouvement.
Répétition décontractée pour une oeuvre complexe : Jacques Castérède au piano